[Plan] Vous êtes ici > Accueil > Dead By Sunrise > Interviews > Chester dans Le Matin
Plus de cinquante millions. C’est le nombre d’albums qu’a vendus Linkin Park, groupe néo-metal américain, depuis ses débuts en 1996. Son chanteur, Chester Bennington, aurait très bien pu se contenter d’enchaîner les tubes et les tournées mondiales. Mais il a souhaité s’exprimer différemment et a mis sur pied Dead by Sunrise, un groupe qu’il a composé avec les anciens membres de Julien-K, un groupe américain de rock electro. Ils livrent leur premier album, «Out of Ashes». Grosses guitares, moins de présence hip-hop, plus de metal, Dead by Sunrise s’adresse certes aux fans de Linkin Park mais aussi à un public plus âgé. Chester s’offre donc une échappée belle, comme pour mieux revenir à ses premières amours. Car il nous annonce un nouvel album de Linkin Park, prévu pour l’année prochaine. En fin de tournée avec Linkin Park, il assure la promotion de Dead by Sunrise. Ça n’est pas un peu schizophrène, tout ça? «Oui, c’est sans doute un peu étrange!» reconnaît le chanteur au téléphone.
Quand est né le projet de Dead by Sunrise?
Après la tournée de «Meteora», en 2004, on s’est octroyé une longue pause. Une pause qui a finalement duré dix-sept mois. Elle a été très bénéfique pour tout le monde. Pendant ce temps, j’ai écrit de la musique. Je voulais apporter ces chansons à Linkin Park, mais je me suis rendu compte qu’elles ne pouvaient pas entrer dans le concept du groupe. J’ai voulu tout de même en faire quelque chose, comme un album en solo. J’y ai pensé pendant longtemps. Et puis, au fil des ans, j’ai croisé les garçons qui m’accompagnent et il m’a semblé évident que nous pouvions former un groupe.
Qu’est-ce que vous ne pouviez exprimer dans Linkin Park?
Il n’y avait pas vraiment de sujets tabous et j’ai toujours fait ce que je voulais, mais ces chansons avaient leur propre style, leur propre son. Je savais qu’elles sacrifieraient Linkin Park. Il y a beaucoup d’éléments électroniques, plus de grunge, plus de pop, ça n’entrait pas dans le cadre de Linkin Park.
C’est la différence fondamentale entre Linkin Park et Dead by Sunrise?
Vous savez, être dans Linkin Park, c’est absolument incroyable. Je ne suis pas en quête de quelque chose que je n’aurais pas encore trouvé. Mais il y a des éléments que j’aime, comme l’electro-pop alternative, le grunge, que j’explore complètement avec Dead by Sunrise. Avez-vous écouté mon album? Prenez «Give Me Your Name», par exemple, c’est une chanson très classique, avec un esprit très Pink Floyd. Je ne pense pas que les guitares et la basse électrique de Linkin Park auraient apporté quelque chose. J’ai écrit cette chanson pour ma femme, pour notre mariage. J’ai pensé que l’aspect personnel serait mieux mis en valeur.
Avec Dead by Sunrise, on vous découvre un côté romantique, non?
Oui, je n’ai jamais écrit autant de chansons d’amour: «Give Me Your Name», «Into You», «In a Darkness», je les ai écrites quand je suis tombé amoureux. Je n’avais jamais fait de telles chansons.
Vous dites qu’avec Linkin Park, vous faites de la musique pour les enfants. Dead by Sunrise, c’est pour les adultes?
Je ne pense pas que la musique de Linkin Park ne soit destinée qu’aux enfants, mais on garde à l’esprit qui est notre public. On sait qu’on a un public très diversifié qui comprend bien sûr des jeunes. Je ne veux éliminer personne. Avec Dead by Sunrise, j’aborde très crûment et très directement des sujets comme l’amour ou le suicide, des chansons que je ne voudrais pas que mes enfants entendent.
Justement, vos enfants, que pensent-ils de leur rockeur de père?
Je pense que c’est cool pour eux. Mes deux plus grands, âgés de 13 et 12 ans, ne me voient pas vraiment comme une rock star ou quelque chose de plus que leur père. C’est difficile pour eux de comprendre la situation dans laquelle je suis. En fait, à leurs yeux je ne suis que leur père, ils voyagent à travers le monde, ils voient parfois mes concerts mais je crois qu’ils préfèrent m’avoir juste à leurs côtés. Parfois, je pense qu’ils préféreraient que je ne sois pas une rock star.
C’est vrai que vous avez toujours rêvé de faire partie de Depeche Mode?
Oui, c’était l’un de mes rêves récurrents lorsque j’étais enfant. J’ai toujours été un énorme fan de Depeche Mode. Je rêvais qu’ils arrivaient en avion au-dessus de mon école, qu’ils atterrissaient dans la cour et venaient frapper à la porte de ma classe. Devant tout le monde, ils me demandaient alors si je voulais bien être le cinquième membre du groupe! (Rires. )
Un nouveau groupe est donc né. Et que devient Linkin Park?
On est en studio en train de travailler avec Rick Rubin (qui a notamment produit Johnny Cash, U2, Metallica). Ça marche très bien avec lui, il nous encourage à changer et n’a pas peur de nous mettre à l’épreuve, de lancer un challenge à nos fans. On vous réserve un truc complètement fou, psychédélique, metal, hip-hop alternatif. C’est comme si on prenait «Minutes to Midnight» et «Hybrid Theory», qu’ils faisaient un enfant et qu’on le gavait d’acides!